Lacigale ayant chantĂ© Tout l’étĂ©, Se trouva fort dĂ©pourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la Fourmi sa voisine, lacigale et la fourmi fontaine LA CIGALE ET LA FOURMI La Cigale, ayant chantĂ© tout l’EtĂ©, Se trouva fort dĂ©pourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de Lacigale et la fourmi, Musique de Charles TrĂ©net LĂ©o Chauliac HarmonisĂ© par Alain LangrĂ©e. SAH (3 voix mixtes) ; Partition complĂšte. Texte de Jean de La Fontaine, en français. EditĂ© par A CƓur Joie France. Profane. Chanson. Fable. Prononciation. Traduction. une forme pastichĂ©e de la fabl «e La cigale et la fourmi » (p. 87-89)". Dans un deuxiĂšme temps s'agir, il dae repĂ©rer la prĂ©sence d'un texte autre par des codes typographiques (caractĂšres italiques Tableau 1 RelevĂ© des indices intertextuels Tableau 2 Étude comparative des dialogues : quelques extraits de La Fontaine La cigale et la fourmi Quelest le problĂšme de la Cigale au dĂ©but du texte ? 4. RelĂšve une expression qui montre qu’elle n’a rien Ă  manger. 5. « (Elle) Selon toi, que va-t-il arriver Ă  la Cigale ? La Cigale et la Fourmi, Jean de de la Fontaine La Cigale et la Fourmi, Jean de de la Fontaine . Author: Alice Created Date: 11/4/2012 10:57:54 AM LACIGALE ET LE FOURMI Texte A Somerset Maugham, Les trois grosses dames d’Antibes, « la Cigale et la fourmi » Dans ce court rĂ©cit, nous Ă©coutons le rĂ©cit d'un homme honnĂȘte et travailleur, qui a du Ă  de multiples reprises prĂȘter de l'argent Ă  son frĂšre extrĂȘmement dĂ©pensier et qui vit aux crochets de ses amis : Ă  l'aube LaCigale et la Fourmi Travail sur les fables pour 2Âș ESO DĂ©partement de français I.E.S. Llanes. Sevilla Version pour les Ă©lĂšves. DĂ©partement de français. IES Llanes 2 TRAVAIL INTÉGRÉ SUR LES FABLES OBJECTIFS: - Analyser les fables en espagnol, anglais et français. - Comprendre la fable La Cigale et la Fourmi de Jean de La Fontaine. POUR RÉUSSIR LES OBJECTIFS, IL FAUT: - LAFOURMI E.T 1.A CIGA1.E. Cette réécriture de La Cigale et la Fourmi par Françoise Sagan, grande romanciĂšre contemporaine, renverse totalement la situation de la fable: on y rencontre une Fourmi dans l'embarras et une Cigale qui triomphe. La Fourmi ayant stockĂ© tout l'hiver Se trouva fort encombrĂ©e Quand le soleil fut venu: LaCigale et la Fourmi La cigale, ayant chantĂ© Tout l'Ă©tĂ©, Se trouva fort dĂ©pourvue Quand la bise2 fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui prĂȘter Quelque grain pour subsister Jusqu'Ă  la saison nouvelle. «Je vous paierai, Illi dit-elle, LaFourmi et la Cigale Variations sur un air connu Fran ois Mougenot Distribution Avec Fran ois et Jacques Mougenot Mise en sc ne et couplets : Jacques Mougenot Lumi res : Eric Milleville Un Ss3kKL. Pour les autres Ă©ditions de ce texte, voir La Cigale et les Fourmis. 336 LA CIGALE ET LES FOURMIS C’était en hiver ; leur grain Ă©tant mouillĂ©, les fourmis le faisaient sĂ©cher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis lui dirent Pourquoi, pendant l’étĂ©, n’amassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? — Je n’en avais pas le temps, rĂ©pondit la cigale je chantais mĂ©lodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en Ă©tĂ©, danse en hiver. » Cette fable montre qu’en toute affaire il faut se garder de la nĂ©gligence, si l’on veut Ă©viter le chagrin et le danger. La Fontaine, Fables, La cigale et la fourmi » Analyse au fil du texte Introduction Entre 1658 et 1661, La Fontaine Ă©tait protĂ©gĂ© par Nicolas Fouquet, le trĂšs riche surintendant des finances de Louis XIV. Mais ce protecteur tombe en disgrĂące et il finira ses jours enfermĂ© dans la forteresse de Pignerol. Du jour au lendemain, La Fontaine se retrouve comme la cigale, pris au dĂ©pourvu et comme elle, c'est un poĂšte, pour ainsi dire, il chante des vers... Le nouvel intendant des finances, c'est Colbert, qui est tout Ă  fait comme la fourmi de la fable, Ă©conome et pragmatique. Et maintenant, c'est lui qui accorde les pensions royales aux artistes et aux Ă©crivains, du coup, c'est lui qu'il faut se concilier
 Mais La Fontaine restera toujours suspect aux yeux de Louis XIV, et il n'obtiendra jamais de pension royale. Ce contexte permet de mieux percevoir l'ambiguĂŻtĂ© de cette fable les animaux en disent beaucoup plus sur la sociĂ©tĂ© humaine qu'une simple opposition entre les Ă©pargnants et les artistes ! Sous Louis XIV, les nobles doivent se faire courtisans, il sont obligĂ©s de dĂ©penser des fortunes pour maintenir leur train de vie Ă  Versailles. Pendant ce temps, le pays connaĂźt une petite Ăšre glaciaire et les hivers sont de plus en plus rudes on trouve de plus en plus de mendiants sur les routes, au point que le roi signe des dĂ©crets pour faire enfermer les vagabonds. En mĂȘme temps, les guerres imposent des rĂ©quisitions de plus importantes et appauvrissent les campagnes. Quand La Fontaine valorise la prĂ©voyance Ă  travers la fourmi, on voit bien que cette recommandation s'applique Ă  tous les niveaux de la sociĂ©tĂ©. ProblĂ©matique Comment La Fontaine parvient-il Ă  impliquer son lecteur dans ce conflit entre deux animaux, pour mieux l'inviter Ă  interroger une morale ambiguĂ«, qui en dit long sur la sociĂ©tĂ© humaine ? Axes de lecture pour un commentaire composĂ© > Un art du rĂ©cit incisif, qui impressionne et implique le lecteur. > Un art musical qui rapproche la poĂ©sie du chant. > Une réécriture de la fable d'Ésope, avec des Ă©carts qui rĂ©vĂšlent certains partis pris de l'auteur. > Une morale implicite et ambiguĂ«, qui peut se lire Ă  diffĂ©rents niveaux. > Des choix d'Ă©criture qui rĂ©vĂšlent une certaine empathie Ă  l'Ă©gard de la cigale. > Une mise en scĂšne plaisante d'animaux comme prĂ©texte pour parler des hommes. > Un discours moral sur la sociĂ©tĂ© du XVIIe siĂšcle en France. > Un message Ă  portĂ©e universelle, qui sollicite le sens critique du lecteur. Premier mouvement Une cigale prĂ©sentĂ©e avec art La cigale, ayant chantĂ© Tout l’étĂ©, Se trouva fort dĂ©pourvue Quand la bise fut venue Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. DĂšs les premiers vers, la fable frappe les esprits elle est entiĂšrement en heptasyllabes des vers de 7 syllabes. C’est trĂšs rare au XVIIe siĂšcle, oĂč tous les genres sont codifiĂ©s, notamment la tragĂ©die toujours rĂ©digĂ©e en alexandrins. La Fontaine trouve donc une certaine libertĂ© dans la fable, qui va lui permettre de varier les maniĂšres de raconter des histoires Il Ă©tait un gĂ©nie trĂšs libre, trĂšs indĂ©pendant [...] aimant ses coudĂ©es franches dans le genre qu'il adopterait. [...] Dans ce siĂšcle oĂč [...] tous les genres Ă©taient comme soumis aux faiseurs de rĂšgles [...] La fable [offrait] un cadre assez Ă©lastique [...] il n'y a pas de rĂšgles de la fable. Émile Faguet, La Fontaine, 1887. Ok, il n’y a pas beaucoup de rĂšgles dans la fable, mais il faut au moins suivre le premier prĂ©cepte d’Horace instruire et plaire. On va voir que quand La Fontaine prend des libertĂ©s avec l'Ă©criture, c'est pour mieux suivre ce prĂ©cepte. Pour instruire, sois concis ; l’esprit reçoit avec docilitĂ© et retient fidĂšlement un court prĂ©cepte ; s’il est trop long, il laisse Ă©chapper tout ce qu’il a reçu de trop. La fiction, imaginĂ©e pour amuser, doit, le plus possible, se rapprocher de la vĂ©ritĂ© ; [...] il obtient tous les suffrages celui qui unit l’utile Ă  l’agrĂ©able, et plaĂźt et instruit en mĂȘme temps... Horace, PoĂ©tique, traduction de François Richard, 1944. Le deuxiĂšme vers est carrĂ©ment un trisyllabe qui met en valeur la rime en -tĂ© » on peut dire que la musicalitĂ© du vers imite le chant de la cigale. D’ailleurs, on va retrouver cette rime en -tĂ© » un peu plus loin quand la cigale va reprendre la parole. Chez La Fontaine, la Fable est avant tout un art musical. C’est aussi une tournure exceptionnellement concise le participe prĂ©sent ayant chantĂ© » suffit Ă  inscrire l’étĂ© dans la durĂ©e, avec le dĂ©terminant tout l’étĂ© ». On dirait que le vers est prolongĂ© exprĂšs pour donner Ă  percevoir la longueur et la langueur de l’étĂ©. Vous allez voir que tous ces effets sonores et rythmiques participent Ă  l’art du rĂ©cit chez La Fontaine. La concision participe Ă  un rythme rapide le passage de l’étĂ© Ă  l’hiver se fait dans la mĂȘme phrase, qui se prolonge d’un vers Ă  l’autre c’est ce qu’on appelle un enjambement. Avec le complĂ©ment circonstanciel de temps qui est reportĂ© Ă  la fin de la phrase, le lecteur est surpris par l’arrivĂ©e de l’hiver, un peu comme la cigale elle-mĂȘme. L’hiver est dĂ©signĂ© indirectement par la bise un vent froid, sec et rapide
 C’est une mĂ©tonymie, un glissement de sens par proximitĂ©. Cela crĂ©e un effet de mouvement la succession des saisons, la sensation de froid arrivent avec le verbe venir qui souligne les fricatives F et V . Le retour d’un son consonne, c’est ce qu’on appelle une allitĂ©ration. L’adjectif dĂ©pourvu » indique dĂ©jĂ  un dĂ©nuement extrĂȘme avec le prĂ©fixe privatif du coup, l’adverbe d’intensitĂ© est de trop ici, c’est un plĂ©onasme, la rĂ©pĂ©tition d’une mĂȘme idĂ©e. En fait, ça permet Ă  La Fontaine de crĂ©er une hyperbole, un effet d’exagĂ©ration. Le dĂ©nuement de la cigale est total. D’ailleurs, on entend bien nue » Ă  la rime ce jeu sonore justifie bien la rime pauvre un seul son en commun la musicalitĂ© du vers illustre parfaitement la pauvretĂ© de la cigale. D’ailleurs, tout est fait pour nous faire partager la dĂ©tresse de la cigale ici un morceau, c’est un dĂ©bris, un reste. Un petit morceau, c’est encore moins que ça, une miette. Une miette de quoi ? d’une mouche, voire mĂȘme d’un vermisseau, avec le diminutif qui rĂ©duit encore la portion. En plus, le morceau est sĂ©parĂ© de son complĂ©ment du nom, comme s’il Ă©tait lui-mĂȘme disloquĂ©. Et de toutes les façons, la nĂ©gation vient tout annuler, c’est une phrase nominale, une phrase sans verbe, ce qui accentue la brutalitĂ© de la nĂ©gation. Vous savez certainement que pour cette fable, comme pour beaucoup d’autres, La Fontaine s’inspire d’un auteur de l’antiquitĂ©, Ésope, qui Ă©crivait en grec vers le VIe siĂšcle avant C’est donc intĂ©ressant de jeter un coup d’oeil Ă  la version originale, qui commence comme ça C’était en hiver ; leur grain Ă©tant mouillĂ©, les fourmis le faisaient sĂ©cher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. PremiĂšre grosse diffĂ©rence Ésope commence avec les fourmis, tandis que La Fontaine commence avec la cigale qui meurt de faim il renverse complĂštement le point de vue de dĂ©part. Autre diffĂ©rence dans la fable d’Ésope, la cigale est indĂ©finie, alors que chez La Fontaine, le premier mot de la fable est un article dĂ©fini cette cigale a une importance particuliĂšre aux yeux du fabuliste, elle prend une dimension symbolique beaucoup plus complexe que chez Ésope, vous allez voir comment. D’abord, c’est intĂ©ressant d’interroger la reprĂ©sentation des animaux chez La Fontaine. Quand il dit que la cigale chante », c’est dĂ©jĂ  une personnification il lui donne un caractĂšre humain. Un zoologue dirait que la cigale cymbalise. La crainte de l’hiver est aussi une crainte humaine en rĂ©alitĂ©, chaque gĂ©nĂ©ration de cigale disparaĂźt naturellement Ă  la fin de l’étĂ© en laissant des Ɠufs dans la terre. On a donc une cigale humanisĂ©e dans la fable. Et pourtant, c’est une cigale qui mange des mouches et des vermisseaux on est loin d’une nourriture humaine ! Mais on est loin aussi du rĂ©gime des cigales, qui se nourrissent de la sĂšve des arbres ! La Fontaine le sait parfaitement son pĂšre Ă©tait maĂźtre des eaux et forĂȘts, et il a lui-mĂȘme a repris cette charge pendant plusieurs annĂ©es. Il ne fait donc un dĂ©tour par les animaux que pour parler des hommes. Qu’est-ce que cela Ă©voque, pour un contemporain, cette cigale sur le point de mourir de froid ? Au XVIIe siĂšcle, la France est frappĂ©e par une petite Ăšre glaciaire, les hivers sont particuliĂšrement rudes. En plus, Louis XIV rĂ©quisitionne de grandes quantitĂ©s de vivres pour augmenter la taille de ses armĂ©es. Ainsi, cette cigale imprĂ©voyante peut reprĂ©senter une nation entiĂšre, un pays appauvri par l’imprĂ©voyance de son roi. Les fables de La Fontaine parlent Ă  tout le monde, mais elles parlent aussi au roi. DeuxiĂšme mouvement Un regard de moraliste Elle alla crier famine Chez la fourmi, sa voisine, La priant de lui prĂȘter Quelque grain pour subsister Jusqu’à la saison nouvelle. — Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l’oĂ»t, foi d’animal, IntĂ©rĂȘt et principal. La Fontaine choisit les verbes de paroles de la cigale avec soin prier », crier », avec les allitĂ©rations en P et en R qui entrent en Ă©cho avec les autres verbes du passage prĂȘter 
 payer ». Tout se passe comme si la cigale adressait une complainte lyrique Ă  la fourmi elle exprime une douleur personnelle de maniĂšre musicale, Ă  la premiĂšre personne. Comme La Fontaine, elle utilise les ressources de la poĂ©sie. Regardez comment la parole de la cigale se rapproche du lecteur. D’abord, on a du discours narrativisĂ© un verbe de parole, crier famine » sans paroles rapportĂ©es. Ensuite, on a du discours rapportĂ© indirect les paroles sont adaptĂ©es mais on peut les restituer prĂȘtez moi quelque grain pour subsister ». En plus Ă  ce moment-lĂ , on retrouve les rimes en -tĂ© » qui se trouvaient au tout dĂ©but de la fable. Cela nous fait entendre la cigale un peu plus. Enfin, le discours est direct il est rapportĂ© tel quel, avec une ponctuation qui annonce bien la citation. Le fabuliste nous fait entrer progressivement dans le point de vue de la cigale. Mais le discours direct intervient lĂ , non pas pour Ă©voquer des Ă©motions, mais pour parler d’argent. La Fontaine fait un dĂ©tour par les animaux, pour mieux nous replonger dans le monde des humains, avec un vocabulaire propre aux finances intĂ©rĂȘt, principal. C’est particuliĂšrement frappant, parce que cette allusion Ă  un remboursement n’existe pas du tout dans la version d’Ésope, et elle peut sembler un peu Ă©trange. En effet, Ă  l’époque, on rapproche volontiers la fonction morale de la fable Ă  celle de la parabole, comme on en trouve dans la bible. Vous savez que la France du XVIIe siĂšcle est trĂšs imprĂ©gnĂ©e de morale chrĂ©tienne... Du coup, quand La Fontaine montre la cigale faire un emprunt au lieu de demander la charitĂ©, c’est trĂšs Ă©trange. Normalement, le mendiant dit Ă  votre bon cƓur, Dieu vous le rendra » et pas je vous paierai intĂ©rĂȘt et principal. » Avec cet effet de surprise, vous voyez que la question de la charitĂ© brille par son absence. D’autant que La Fontaine choisit des mots qui font allusion Ă  la religion la cigale prie » la fourmi
 sa voisine ». On est trĂšs proche de la parabole du bon samaritain que JĂ©sus donne en exemple pour illustrer l’amour du prochain, et donc, de son voisin. D’ailleurs, un grain » Ă  l’échelle de l’insecte, autant dire que c’est un morceau de pain — qui est sous forme de boule Ă  l’époque c’est de lĂ  que vient le terme de boulangerie. Le pain quotidien accordĂ© aux nĂ©cessiteux, c’est Ă©videmment un lieu commun de la morale chrĂ©tienne prĂ©sente dans tous les esprits. En plus, la mendicitĂ© est bien un sujet d’actualitĂ© Ă  l’époque oĂč Ă©crit La Fontaine. Entre 1656 et 1672, la pauvretĂ© est tellement rĂ©pandue que Louis XIV publie une sĂ©rie de dĂ©crets pour punir les vagabonds, qui sont soit enfermĂ©s, soit envoyĂ©s aux travaux forcĂ©s, soit simplement mis Ă  mort. En abordant ces thĂšmes graves, avec des symboles universels, La Fontaine critique indirectement le pouvoir et la sociĂ©tĂ© de son Ă©poque. En mĂȘme temps, quand il remplace la question de la charitĂ© par celle de l’emprunt, La Fontaine ne donne raison Ă  aucun de ses protagonistes. D’abord, la cigale semble peu digne de confiance. Elle utilise un futur Je vous paierai », elle repousse l’échĂ©ance Avant l’oĂ»t », c’est Ă  dire, avant les moissons, qui est en plus rejetĂ© en fin de phrase aprĂšs un enjambement. La succession des saisons, avec le rythme des rĂ©coltes, porte une signification universelle. Il me parut que le livre des Fables Ă©tait, pour la vie morale, ce que sont, pour l'existence matĂ©rielle, certains almanachs fort rĂ©pandus dans nos campagnes, qui donnent pour les travaux des champs, pour l'Ă©levage du bĂ©tail, etc., un conseil pour chaque jour de l'annĂ©e. Marius Guinat, La Morale des Fables de La Fontaine, 1886. Pour La Fontaine, ce n’est clairement pas une bonne idĂ©e de s’endetter, ni pour une cigale, ni pour un humain, ni pour un État. Et bien sĂ»r, on peut voir derriĂšre cette cigale dispendieuse, les fastes de la cour Ă  Versailles qui sont bien Ă©loignĂ©s de la sagesse des campagnes. Mais en mĂȘme temps, la cigale reste humble, elle promet de rendre ce qu’elle emprunte. Elle demande trĂšs peu Quelque grain ». L’article indĂ©fini introduit un nom singulier un seul grain, qui lui permettra de subsister sur une longue pĂ©riode jusqu’à la saison nouvelle ». La Fontaine joue sans cesse avec les deux points de vue, celle qui emprunte, et celle qui prĂȘte. Le mot subsister » est particuliĂšrement Ă©vocateur, d’un point de vue Ă©tymologique il provient du latin sisto se tenir, tenir bon, consolider, mais le prĂ©fixe sub- » vient rĂ©duire et soustraire. La cigale demande seulement le minimum pour survivre avec peine. Enfin, l’expression foi d’animal » est particuliĂšrement ambiguĂ«. On peut l’interprĂ©ter Ă  charge, en disant, avec le philosophe RenĂ© Descartes, que l’animal n’a pas d’ñme du coup la cigale jure sans prendre le risque de la damnation Ă©ternelle. Il n’y a pas [d’erreur] qui Ă©loigne davantage les esprits faibles [...] de la vertu, que d’imaginer que l’ñme des bĂȘtes soit de mĂȘme nature que la nĂŽtre, et que par consĂ©quent nous n’avons rien ni Ă  craindre ni Ă  espĂ©rer aprĂšs cette vie, non plus que les mouches et les fourmis. RenĂ© Descartes, Discours de la mĂ©thode, 1637. Mais on sait que justement, La Fontaine Ă©tait opposĂ© Ă  cette vision de Descartes, qu’il rĂ©fute dans son Discours Ă  Madame de la SabliĂšre », oĂč il rĂ©habilite l'animal, en montrant notamment l’intelligence des constructions des castors [...] Ils disent donc Que la bĂȘte est une machine ; Qu'en elle tout se fait sans choix et par ressorts Nul sentiment, point d'Ăąme, en elle tout est corps. [...] Voici de la façon que Descartes l'expose ; [...] Que [les] Castors ne soient qu'un corps vide d'esprit, Jamais on ne pourra m'obliger Ă  le croire ; Jean de La Fontaine, Discours Ă  Madame de la SabliĂšre, 1678. Pour La Fontaine, la foi de l’animal n'est donc pas si sujette Ă  caution
 La cigale compte-t-elle rembourser la fourmi ? Il suffit de savoir que les deux sont voisines. MalgrĂ© tout, La Fontaine semble avoir une certaine sympathie pour la cigale. TroisiĂšme mouvement Une fable nuancĂ©e et ambiguĂ« La fourmi n’est pas prĂȘteuse C’est lĂ  son moindre dĂ©faut. — Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle Ă  cette emprunteuse. — Nuit et jour Ă  tout venant Je chantais, ne vous dĂ©plaise. — Vous chantiez, j’en suis fort aise ! Eh bien, dansez maintenant. La fable se termine avec un dialogue trĂšs vif Les incises disparaissent pour laisser la place uniquement aux rĂ©pliques, qui s’enchaĂźnent rapidement au théùtre, on parle de stichomythies. En plus, l’alternance des pronoms personnels de premiĂšre et deuxiĂšme personne crĂ©e un rythme trĂšs vivant le lecteur qui assiste Ă  la scĂšne voit les personnages s’animer devant lui. Les deux personnages s’expriment trĂšs diffĂ©remment. La cigale montre un certain savoir vivre elle prie » la fourmi, avec des formules de politesse ne vous dĂ©plaise ». MalgrĂ© sa situation de mendicitĂ©, l’attitude mesurĂ©e de la cigale est plus proche de l’idĂ©al de l’honnĂȘte homme tel qu’on le valorise Ă  la cour. La fourmi est Ă  l’opposĂ© de ces attentes. D’abord, elle emploie l’impĂ©ratif et le sarcasme un reproche fait de maniĂšre ironique. Sans prĂ©ambule, elle pose une question dont elle connaĂźt d’avance la rĂ©ponse, une question rhĂ©torique qui empĂȘche de fait tout Ă©change. Pour les lecteurs de La Fontaine, qui vivaient quotidiennement sous l’étiquette de la cour, cette rudesse Ă©tait trĂšs bourgeoise la fourmi ne pouvait pas attirer la sympathie. Le conflit entre les personnages se retrouve dans le schĂ©ma des rimes jusqu’ici, l’histoire se dĂ©roulait avec des rimes suivies, mais on passe aux rimes embrassĂ©es. Les rimes fĂ©minines celles qui se terminent avec un -e muet se trouvent finalement entourĂ©es par les rimes masculines symboliquement, le piĂšge se referme sur la cigale. Son sort final correspond alors Ă  des sonoritĂ©s nasales, IN, AN, IN, AN, dĂ©sagrĂ©ables Ă  l’oreille du lecteur. PrĂȘteuse » rime avec emprunteuse » les deux mots sont trĂšs proches, on peut parler de paronomase avec cette proximitĂ© sonore, La Fontaine englobe les deux animaux dans la mĂȘme critique l’endettement n’est pas une solution. Il faut savoir qu’à l’époque, prĂȘter de l’argent contre intĂ©rĂȘt, c’est ce qu’on appelle l’usure c’était trĂšs mal vu, et considĂ©rĂ© comme un pĂ©chĂ© dans la religion chrĂ©tienne, trĂšs prĂ©sente au XVIIe siĂšcle. Donc, La fourmi n’est pas prĂȘteuse » ce serait une qualitĂ© ? On ne peut pas dire ça, parce que si le prĂȘt est mal vu, c’est justement parce qu’il ne saurait remplacer la charité  Ici, le fabuliste intervient de maniĂšre exceptionnelle, comme en voix off, pour faire un jugement de valeur c’est lĂ  son moindre dĂ©faut ». Comment comprendre ce vers ? Je vois 2 possibilitĂ©s. Soit on l’interprĂšte littĂ©ralement ce n’est qu’un tout petit dĂ©faut, aprĂšs tout », soit on l’interprĂšte comme une litote une double nĂ©gation qui renforce le propos c’est lĂ  sa plus grande qualitĂ© ». Dans les deux cas, vous voyez que la formule est ironique elle laisse entendre l’inverse de ce qu’elle dit. Il est serait hypocrite de se considĂ©rer comme vertueux pour cette raison. Le vrai dĂ©faut est de manquer du sens de la charitĂ©, de n’ĂȘtre pas un mĂ©cĂšne des arts comme Fouquet. La Fontaine adresse peut-ĂȘtre lĂ  un message trop ambigu Ă  Colbert, qui ne lui accordera jamais de pension. Le verbe chanter » est rĂ©pĂ©tĂ© sous des formes diffĂ©rentes par les deux protagonistes, c’est ce qu’on appelle un polyptote. On voit bien que les deux personnages mettent un sens diffĂ©rent sous le mĂȘme verbe. Pour la cigale, chanter » c’est une activitĂ© noble, dĂ©sintĂ©ressĂ©e, un cadeau qui profite Ă  tout le monde. Pour la fourmi, ce n’est qu’une activitĂ© oisive et improductive. À tout venant » signifie pour toutes les personnes qui passent ». Et en effet, si la cigale ne gagne rien avec son chant, c’est qu’elle le dispense gracieusement. Nuit et jour » elle ne ne compte pas. Rien qu’avec ce vers, La Fontaine montre bien l’ambivalence morale de sa petite histoire la cigale est beaucoup plus proche des valeurs de la noblesse de l’époque, qui justement n’exerce pas de mĂ©tiers rĂ©munĂ©rateurs. D’ailleurs, la relation de La Fontaine avec son protecteur Fouquet Ă©tait assez reprĂ©sentative de cet Ă©tat d’esprit dans leur contrat, ce n’est pas Fouquet qui paye ses vers. Non, La Fontaine donne une pension poĂ©tique » Ă  son mĂ©cĂšne, pour le rĂ©compenser de son mĂ©rite », et donc pas officiellement pour sa protection Je vous l'avoue, et c'est la vĂ©ritĂ©, Que Monseigneur n'a que trop mĂ©ritĂ© La pension qu'il veut que je lui donne. En bonne foi je ne sache personne À qui PhĂ©bus s'engageĂąt aujourd'hui De la donner plus volontiers qu'Ă  lui. La Fontaine, ÉpĂźtre Ă  Fouquet, 1659. Maintenant, si on regarde la version d’Ésope, on se rend compte que La Fontaine a supprimĂ© la morale, regardez Les fourmis lui dirent Pourquoi, pendant l’étĂ©, n’amassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? — Je n’en avais pas le temps, rĂ©pondit la cigale je chantais mĂ©lodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en Ă©tĂ©, danse en hiver. » Cette fable montre qu’en toute affaire il faut se garder de la nĂ©gligence, si l’on veut Ă©viter le chagrin et le danger. Si La Fontaine supprime la morale d’Ésope, c’est pour mieux laisser au lecteur le soin de tirer ses propres leçons, il ouvre le champ des interprĂ©tations. Il ne prend pas position explicitement. Du coup, c’est le mot d’esprit des fourmis qui constitue la chute de la fable HĂ© bien, dansez maintenant » ; on est loin d’une morale canonique. On pourrait mĂȘme dire que c’est une anti-morale, regardez. D’abord, elle commence sur une interjection, qui contraste avec la forme habituelle des morales et des maximes. Ensuite, la dimension universelle est remplacĂ©e par un complĂ©ment circonstanciel trĂšs marquĂ© maintenant ». Enfin, le prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale est remplacĂ© par l’impĂ©ratif. Le souci d’instruire et de plaire du moraliste est remplacĂ© par un jeu de mot assassin. Dans ce dernier vers, chanter » devient danser ». C’était une image courante Ă  l’époque danser » Ă©tait utilisĂ© pour parler des pendus, ou mĂȘme des suppliciĂ©s sur la roue. C’est d’ailleurs le sens cachĂ© de la chanson Jean petit qui danse », qui est torturĂ© de sa main, de son pied, etc. Ici, danser vient Ă  la place de mourir de faim et de froid, la mĂ©taphore reprĂ©sente les mouvements rythmiques des spasmes de l’agonie. Cette fable de La Cigale et la Fourmi » se trouve juste avant Le corbeau et le renard » si la pitiĂ© inspirĂ©e par la cigale n’aura servi Ă  rien, la flatterie du renard sera plus efficace
 Mais est-ce que pour autant La Fontaine encourage les courtisans Ă  flatter le roi pour obtenir des faveurs ? On voit bien dĂ©jĂ  que, loin de prescrire des comportements systĂ©matiques, La Fontaine invite son lecteur Ă  utiliser sa sensibilitĂ© et son esprit critique pour mieux se guider dans le monde des humains, qui est parfois plus cruel que le monde des animaux. Conclusion La Fontaine utilise toutes les ressources du rĂ©cit et la musicalitĂ© du vers pour impliquer son lecteur, et marquer les esprits. Il part de la fable d'Ésope, mais il apporte tout un soin Ă  l'Ă©criture pour mieux instruire et plaire. DerriĂšre la morale apparente, qui valorise la prĂ©voyance de la fourmi, contre la nĂ©gligence de la cigale ; on trouve plusieurs dissonances. Le fabuliste montre une certaine bienveillance Ă  l'Ă©gard de la cigale, et rend la morale suffisamment implicite pour obliger le lecteur Ă  chercher plus loin. Et en effet, Ă  travers cette mise en scĂšne des animaux, La Fontaine ne s'adresse pas tant aux petits Ă©pargnants et aux artistes, qu'au roi lui-mĂȘme et Ă  ses ministres. En obligeant son lecteur Ă  confronter cette petite histoire avec la sociĂ©tĂ© rĂ©elle, La Fontaine donne Ă  la fable une dimension profondĂ©ment humaine et universelle. ⇹ La Fontaine, Les Fables - La Cigale et la Fourmi texte ⇹ La Fontaine, Les Fables 🃏 La Cigale et la Fourmi axes de lecture ⇹ La Fontaine, Fables 🎧 La Cigale et la Fourmi podcast ⇹ Les Fables de La Fontaine - 🔎 I,1 La Cigale et la Fourmi analyse en PDF ⇹ La Fontaine, Les Fables ✔ La Cigale et la Fourmi guide pour un commentaire composĂ© La Cigale et la Fourmi La Cigale, ayant chantĂ© Tout l’étĂ©,Se trouva fort dĂ©pourvueQuand la bise fut venue. Pas un seul petit morceauDe mouche ou de alla crier famineChez la Fourmi sa voisine,La priant de lui prĂȘterQuelque grain pour subsisterJusqu’à la saison nouvelle - Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l’aoĂ»t, foi d’animal, IntĂ©rĂȘt et principal. La Fourmi n’est pas prĂȘteuse ;C’est lĂ  son moindre dĂ©faut. - Que faisiez-vous au temps chaud ?Dit-elle Ă  cette emprunteuse. – Nuit et jour Ă  tout venant Je chantais, ne vous dĂ©plaise. – Vous chantiez ? j’en suis fort aise Eh bien ! dansez maintenant.

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